















Pour sûr, Dubuffet aurait certainement jubilé en apprenant qu’une rétrospective de son œuvre allait être organisée dans un ancien couvent breton, un temps transformé en supermarché avant de devenir aujourd’hui un fonds culturel plein d’ambition ! Car il fuyait en effet « ces morgues d’embaumement, ces citadelles de la culture mandarine, que sont les musées ». En marge des institutions officielles et de leurs rouages administratifs, Dubuffet a su constituer deux grands ensembles d’œuvres, confiés au Musée des Arts décoratifs et à la Fondation Dubuffet. L’histoire retiendra que c’est au Fonds Hélène et Edouard Leclerc pour la Culture que furent réunies pour la première fois ces deux collections que l’artiste considérait comme essentielles pour la compréhension de son travail. On doit ce doux rêve devenu réalité à quelques bonnes fées qui se sont penchées sur le berceau du projet : Jean-Jacques Aillagon d’abord. C’est en effet en échangeant plusieurs fois avec ce quasi-breton que nous avons décidé d’unir nos forces. Olivier Gabet prit avec talent le relais pour les Arts Décoratifs, et Sophie Webel, directrice de la Fondation Dubuffet, mit tout son professionnalisme et sa passion au service du projet artistique. Qu’ils en soient tous remerciés ! Esprit subversif et iconoclaste, tout à la fois peintre et sculpteur, dessinateur et lithographe, écrivain, architecte, homme de théâtre et musicien, Jean Dubuffet explore l’humain à l’encontre des acquis de l’œuvre et des principes qui régissent le monde de l’art. L’un des aspects de cette exposition est de montrer des œuvres que Dubuffet avait choisi de conserver, et de révéler au public les raretés de chacune de ces deux collections. Il en résulte une exposition foisonnante : 64 peintures, 42 sculptures et maquettes d’architecture, ainsi qu’une centaine d’œuvres sur papier dont une sélection est exposée dans un cabinet des dessins spécialement créé.